Simulation du transport thermique à des températures sub-Kelvin
La gestion thermique dans les ordinateurs quantiques est une tâche urgente et cruciale. Alors que le nombre de qubits augmente rapidement, davantage de circuits électriques sont placés près des qubits pour les faire fonctionner. Le chauffage par effet Joule de ces circuits pourrait considérablement réchauffer le dispositif de qubit, dégradant ainsi sa fidélité. Avec une activité intensive dans le domaine de l'informatique quantique à Grenoble, nous (CEA-LETI, Grenoble, France) recherchons un chercheur post-doctorant enthousiaste pour étudier le transport thermique à des températures cryogéniques (sous-Kelvin).
Le post-doctorant appliquera la fonction de Green hors équilibre par éléments finis [1], développée dans le groupe de Natalio Mingo au CEA-Grenoble, pour simuler le transport des phonons dans diverses structures conçues. Le résultat de la simulation favorisera la comparaison avec les expériences en cours et les discussions constructives afin d'optimiser la gestion thermique.
[1] C. A. Polanco, A. van Roekeghem, B. Brisuda, L. Saminadayar, O. Bourgeois, and N. Mingo, Science Advances 9, 7439 (2023).
Méthodes de reconstruction avancées pour la cryo-tomographie électronique appliquée à des échantillons biologiques
La Cryo-tomographie électronique (CET) est une technique puissante pour l'analyse structurelle en 3D d'échantillons biologiques dans leur état quasi naturel. Au cours de la dernière décennie, CET a connu des avancées remarquables en matière d'instrumentation, mais la rétroprojection filtrée (FBP) reste la méthode de reconstruction standard pour CET. En raison des dommages causés par les radiations et de la plage d'inclinaison limitée du microscope, les reconstructions FBP souffrent d'un faible contraste et d'artefacts d'élongation, connus sous le nom d'artefacts de « missing wedge » (MW). Récemment, les approches itératives ont suscité un regain d'intérêt pour améliorer la qualité et donc l'interprétabilité des reconstructions CET.
Dans ce projet, nous proposons d'aller au-delà de l'état de l'art en matière de CET en (1) appliquant des algorithmes de compresse sensing (CS) basés sur les curvelets et les shearlets, et (2) en explorant des approches d'apprentissage profond (DL) dans le but de débruiter et corriger les artefacts liés au MW. Ces approches ont le potentiel d'améliorer la résolution des reconstructions TEC et donc de faciliter les tâches de segmentation.
Le candidat réalisera une étude comparative des algorithmes itératifs utilisés dans les sciences de la vie et des approches CS et DL optimisées dans ce projet pour les structures curvilignes et les contours.
Exploration de solutions microfluidiques dans la fabrication de cibles pour la production d’énergie par fusion
Dans le cadre d’un appel à projet sur les « réacteurs nucléaires innovants », le projet TARANIS consiste à étudier la possibilité de production d’énergie par une centrale à fusion par confinement inertiel initiée par lasers de puissance. Le contexte actuel incitant le développement des énergies décarbonnées et les expériences de fusion conduites par les équipes américaines du NIF rendent très favorable la conduite de recherches de haut niveau visant à produire à terme une source d’énergie économiquement intéressante basée sur la fusion inertielle.
Parmi les nombreux verrous techniques à surmonter, la production de cibles de fusion avec un schéma réactionnel adapté et compatible avec la production d’énergie est un enjeu majeur. Le CEA dispose d’un savoir-faire permettant de produire des lots de capsules contenant les éléments fusibles de la réaction. Toutefois le procédé actuel n’est pas adapté à une production de masse de centaines de milliers de capsules par jour à un coût acceptable.
L’une des voies à fort potentiel repose sur l’usage de dispositifs microfluidiques, pour lesquels le Laboratoire des Systèmes Microfluidique et Bioingénierie (LSMB) du Département Technologies et Innovation pour la Santé (DTIS) de la DRT du CEA dispose d’une expertise reconnue.
Développement d'approches pour l'intelligence artificielle à base de bruit
Les approches actuelles de l'IA sont largement basées sur la multiplication matricielle. Dans le de ce projet postdoccadre toral, nous aimerions poser la question suivante : quelle est la prochaine étape ? Plus précisément, nous aimerions étudier si le bruit (stochastique) pourrait être la primitive computationnelle sur laquelle la nouvelle génération d'IA est construite. Nous répondrons à cette question en deux étapes. Tout d'abord, nous explorerons les théories concernant le rôle computationnel du bruit microscopique et au niveau du système dans les neurosciences, ainsi que la façon dont le bruit est de plus en plus exploité dans l'intelligence artificielle. Nous visons à établir des liens concrets entre ces deux domaines et, en particulier, nous explorerons la relation entre le bruit et la quantification de l'incertitude.
Sur cette base, le chercheur postdoctorant développera ensuite de nouveaux modèles qui exploitent le bruit pour effectuer des tâches cognitives, dont l'incertitude est une composante intrinsèque. Cela ne servira pas seulement comme une approche d'IA, mais aussi comme un outil informatique pour étudier la cognition chez les humains et aussi comme un modèle pour des zones spécifiques du cerveau connues pour participer à divers aspects de la cognition, de la perception à l’apprentissage, la prise de décision et la quantification de l'incertitude.
Les perspectives du projet postdoctoral devraient informer sur la manière dont l'imagerie IRMf et les enregistrements électrophysiologies invasifs et non invasifs peuvent être utilisés pour tester les théories de ce modèle. En outre, le candidat devra interagir avec d'autres activités du CEA liées au développement d'accélérateurs d'IA analogiques basés sur le bruit.
Étude des spécificités des architectures très distribuées pour les besoins de décision et de contrôle
Nos infrastructures électriques ont connu et connaîtront encore de profondes mutations dans les prochaines décennies.
La croissance rapide de la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité nécessite de trouver des solutions pour sécuriser les systèmes énergétiques notamment en ce qui concerne les aspects de variabilité, de stabilité et d'équilibrage du système électrique et de protection de l'infrastructure du réseau elle-même.
L'objet de cette étude est d'aider à concevoir de nouvelles méthodes de décision, spécialement adaptées aux architectures de contrôle hautement distribuées pour les réseaux d'énergie. Ces nouvelles méthodes devront être évaluées en terme de performance, de résilience, de robustesse et éprouvées en présence de différents aléas et même de byzantins.
Hybridation de LLMs pour l’ingénierie des exigences
Le développement de systèmes physique ou numériques est un processus complexe mêlant des défis techniques et humains. La première étape consiste à donner corps aux idées en rédigeant des spécifications ou un cahier des charges du système en devenir. Généralement écrits en langage naturel par des analystes fonctionnels (business analysts), ces documents sont des pièces maîtresses qui lient toutes les parties prenantes pendant toute la durée du projet et facilite le partage et la compréhension de ce qu’il faut faire. L’ingénierie des exigences propose diverses techniques (revues, modélisation, formalisation, etc.) pour réguler ce processus et améliorer la qualité (cohérence, complétude, etc.) des exigences produites, dans le but de détecter et corriger les défauts avant même l’implémentation du système.
Dans le domaine de l’ingénierie des exigences, l’arrivée récente des réseaux de neurones à très grands modèles (LLM) a la capacité de « changer la donne » [4]. Nous proposons de soutenir le travail de l’analyste fonctionnel avec un outil qui facilite et fiabilise la rédaction du référentiel d'exigences. L’outil exploitera un agent conversationnel de type transformeur/LLM (tels que ChatGPT ou Lama) combiné à des méthodes rigoureuses d'analyse et de conseil. Il proposera des options de réécriture des exigences dans un format compatible avec les normes INCOSE ou EARS, analysera les résultats produits par le LLM, et fournira un audit de qualité des exigences.
Développement de résonateurs piézoélectriques adaptés à la conversion de puissance
Le CEA-Leti travail à l’amélioration des technologies de conversion d'énergie depuis plus de 10 ans. Notre recherche se concentre sur la conception de convertisseurs plus efficaces et compacts en exploitant les transistors à base de GaN, établissant ainsi de nouvelles normes en termes de commutations ultrarapides et de réduction des pertes d'énergie.
Dans le cadre de cette quête constante d'innovation, nous explorons des voies novatrices, notamment l'intégration de résonateurs mécaniques piézoélectriques. Ces dispositifs émergents, capables de stocker l'énergie sous forme de déformations mécaniques, offrent une perspective prometteuse pour une densité d'énergie accrue, en particulier à des fréquences élevées (>1 MHz). Cependant, la présence de modes de résonance parasites impacte l'efficacité globale du système. Nous avons donc besoin d’une personne ayant des compétences en mécanique, notamment vibratoire pour améliorer ces résonateurs micromécaniques fabriqués en salle blanche.
Vous serez accueilli à Grenoble au sein d’une équipe d'ingénieurs, chercheurs et étudiants (doctorants), dédiée à l’innovation pour l’énergie, qui mixte les compétences de la microélectronique et des systèmes de puissance de deux instituts du CEA, le LETI et le LITEN, au plus près des besoins de l'industrie (http://www.leti-cea.fr/cea-tech/leti/Pages/recherche-appliquee/plateformes/electronique-puissance.aspx).
Si vous êtes un esprit scientifique avide de relever des défis complexes, passionné par la recherche de solutions novatrices et prêt à contribuer à la pointe de la technologie, ce poste/projet représente une opportunité unique. Joignez-vous à notre équipe pour nous aider à repousser les frontières de la conversion d'énergie.
Références : http://scholar.google.fr/citations?hl=fr&user=s3xrrcgAAAAJ&view_op=list_works&sortby=pubdate
Modélisation du bruit de charge dans les qubits de spin
Grace à de forts partenariats entre plusieurs instituts de recherche, Grenoble est pionnière dans le développement de futurs technologies à base de qubits de spin utilisant des procédés de fabrication identiques à ceux utilisés dans l’industrie de la microélectronique silicium. Le spin d’un qubit est souvent manipulé avec des signaux électriques alternatifs (AC) grâce à divers mécanismes de couplage spin-orbite (SOC) qui le couplent à des champs électriques. Cela le rend également sensible aux fluctuations de l'environnement électrique du qubit, ce qui peut entraîner une grande variabilité de qubit à qubit et du bruit de charge. Le bruit de charge dans les dispositifs à qubits de spin provient potentiellement d'événements de chargement/déchargement au sein des matériaux amorphes et défectueux (SiO2, Si3N4…) et des interfaces des dispositifs. L'objectif de ce postdoc est d'améliorer la compréhension du bruit de charge dans les dispositifs à qubits de spin grâce à des simulations à différentes échelles. Ce travail de recherche se fera à l’aide de méthode de type ab initio et également grâce à l’utilisation du code TB_Sim, développé au sein de l’institut CEA-IRIG. Ce dernier est capable de décrire des structures de qubits très réalistes en utilisant des modèles de liaison forte atomique et multi-bandes k.p.
Etalonnage dosimétrique du système de monitorage d'un faisceau de Flashthérapie à ultra haut débit de dose de l’installation IRAMIS
Les faisceaux dit Ultra-flash sont des faisceaux pulsés d’électrons de haute énergie (plus d’une centaine de MeV) dont la durée des impulsions est de l’ordre de la femto-seconde. L’installation IRAMIS (CEA saclay) utilise l’accélération laser pour produire ce type de faisceaux avec ne vue leur application à la radiothérapie. Le LNHB est chargé d’établir la traçabilité dosimétrique de l’installation IRAMIS, pour ce faire il doit étalonner le moniteur de cette installation. Les installations de radiothérapie actuelles sont fondées sur des accélérateurs linéaires médicaux fonctionnant avec des énergies atteignant 18 MeV en mode électron. Le LNHB dispose d’un tel équipement. Il est utilisé pour établir les références nationales en termes de dose absorbée dans l’eau, dans les conditions décrites dans le protocole AIEA TRS 398
L’établissement de la traçabilité dosimétrique implique de choisir les conditions de mesure sur l’installation, de connaitre les caractéristiques du dosimètre utilisées pour le transfert et les éventuelles corrections à appliquer aux mesures compte tenu des différences entre l’installation IRAMIS et celle du LNHB.
Optimisation d’une approche métrologique pour l’identification de radionucléides basée sur le démélange spectral
Le Laboratoire national Henri Becquerel (LNE-LNHB) situé au CEA/Saclay est le laboratoire responsable des références françaises dans le domaine des rayonnements ionisants. Depuis quelques années, il est impliqué dans le développement d’un outil d’analyse automatique des spectres gamma à faible statistique fondé sur la technique du démélange spectral. Cette approche permet notamment de répondre aux contraintes métrologiques telles que la robustesse de la prise de décision et l’estimation non biaisée des comptages associés aux radionucléides identifiés. Pour étendre cette technique à la mesure de terrain et en particulier à la déformation des spectres due aux interactions dans l’environnement d’une source radioactive, un modèle hybride de démélange spectral combinant des méthodes d’apprentissages statistique et automatique est en cours de développement. Cette solution mathématique a pour but l’implémentation d’une estimation conjointe des spectres mesurés et des comptages associés aux radionucléides identifiés. L’étape suivante sera la quantification des incertitudes des grandeurs estimées à partir du modèle hybride. L’objectif est également d’investiguer la technique du démélange spectral dans le cas de la détection des neutrons avec un détecteur NaIL. Le futur candidat contribuera à ces différentes études dans le cadre d’une collaboration avec le Laboratoire d’ingénierie logicielle pour les applications scientifiques (CEA/DRF).