Détecter les premiers amas de galaxies de l'Univers dans les cartes du fond diffus cosmologique

Les amas de galaxies, situés aux nœuds de la toile cosmique, sont les plus grandes structures de l’Univers liées par la gravitation. Leur nombre et leur distribution spatiale sont très sensibles aux paramètres cosmologiques, comme la densité de matière dans l’Univers. Les amas constituent ainsi une sonde cosmologique performante. Elle a fait ses preuves ces dernières années (sondages Planck, South Pole Telescope, XXL, etc.) et promet de grandes avancées les prochaines années (sondages Euclid, Observatoire Vera Rubin, Simons Observatory, CMB-S4, etc.).
Le pouvoir cosmologique des amas de galaxies s’accroît avec la taille de l’intervalle de décalage vers le rouge (redshift) couvert par le catalogue. Le figure jointe montre les domaines de redshift couverts par les catalogues d’amas extraits des expériences d’observation du fond diffus cosmologique (première lumière émise dans l’Univers 380000 ans après le Big Bang). Ainsi, Planck a détecté les amas les plus massifs de l’Univers dans 0<z<1 alors que SPT et ACT, plus sensibles mais couvrant moins de ciel, ont déjà détecté des dizaines d’amas entre z=1 et z=1.5 et quelques amas entre z=1.5 et z=2. La prochaine génération d’instruments (Simons Observatory à partir de 2024 et CMB-S4 à partir de 2032) permettra de détecter de façon routinière les amas dans 1<z<2 et observera les premiers amas formés dans l’Univers dans 2<z<3.
Seules les expériences étudiant le fond diffus cosmologique pourront observer le gaz chaud dans ces premiers amas à 2<z<3, grâce à l’effet SZ, du nom de ses deux découvreurs Sunyaev et Zel’dovich. Cet effet, dû aux électrons de grande énergie du gaz des amas, provoque une petite perturbation du spectre en fréquence du fond diffus cosmologique, ce qui le rend détectable. Mais le gaz n’est pas la seule composante émettrice dans les amas : des galaxies à l’intérieur des amas émettent aussi en radio ou en infrarouge ce qui contamine le signal SZ. Cette contamination est faible à z<1 mais augmente drastiquement avec le redshift. On s’attend à ce que ces émissions radio et infrarouge soient du même ordre de grandeur que le signal SZ dans l’intervalle 2<z<3.
Il faut donc essayer de comprendre et modéliser l’émission du gaz des amas en fonction du redshift, mais aussi celle des galaxies radio et infrarouge qu’ils contiennent pour pouvoir préparer la détection des premiers amas de galaxies de l’Univers.
L’Irfu/DPhP a développé les premiers outils de détection d’amas de galaxies dans les données du fond diffus cosmologique dans les années 2000. Ces outils ont été utilisés avec succès sur les données Planck et sur les données sol, comme celles de l’expérience SPT. Ils sont efficaces pour détecter les amas de galaxies dont l’émission est dominée par le gaz mais leur performance est inconnue dans le cas où l‘émission par les galaxies radios et infrarouges est importante.
Le travail de thèse consistera dans un premier temps à étudier et modéliser les émissions radio et infrarouge des galaxies des amas détectés dans les données du fond diffus cosmologique (Planck, SPT et ACT) en fonction du redshift.
Dans un second temps, on quantifiera l’impact de de ces émissions sur les outils de détection d’amas existants, dans le domaine de redshift actuellement sondé (0<z<2) puis dans le domaine de redshift futur (2<z<3).
Enfin, à partir de notre connaissance acquise sur ces émissions radio et infrarouge des galaxies dans les amas, on développera un nouvel outil d’extraction d’amas destiné aux amas à grand redshift (2<z<3) pour maximiser l’efficacité de détection et la maîtrise des effets de sélection, i.e. le nombre d’amas détecté par rapport à au nombre total sous-jacent.

Impact des paramètres d’irradiation sur la formation de la phase alpha’ dans les aciers renforcés par dispersion d’oxydes (ODS)

Les aciers ferritiques-martensitiques renforcés par dispersion d'oxydes (aciers ODS) sont des matériaux d’intérêt pour la filière nucléaire. Composés majoritairement de fer et de chrome, ces matériaux peuvent être fragilisés par la précipitation sous irradiation d’une phase riche en chrome, la phase alpha prime. Cette phase, réputée sensible aux conditions d’irradiation, en fait un sujet idéal pour mieux comprendre les limites de la transférabilité ions-neutrons. En effet, si les irradiations aux ions sont fréquemment utilisées pour comprendre les phénomènes observés sous irradiation neutronique, la question de leur représentativité est régulièrement soulevée.
Dans cette thèse, nous cherchons donc à comprendre dans quelle mesure les paramètres des irradiations impactent les caractéristiques de la phase alpha’ dans les aciers ODS. Pour cela, des aciers ODS seront irradiés dans différentes conditions (flux, dose, température type de particules (ions, neutrons, électrons)) puis analysés à l’échelle nanométrique. Les caractéristiques des nano-oxydes (taille, densité) et de la phase alpha’ (taille, teneur en Cr), obtenues pour chacune des conditions d’irradiation, seront comparées à celles d’un échantillon de MA957 après irradiation aux neutrons.

Approche greedy pour la réduction de modèles en neutronique : application de la méthode des bases réduites.

On cherche à proposer une méthodologie qui permet des calculs en un temps court tout en conservant ou maîtrisant, voire réduisant, les biais et les erreurs de calcul. Une approche de type « bases réduites » pourrait répondre à cette contrainte.
Dans le cadre des bases réduites [1,3], on construit un espace d’approximation associé à une équation aux dérivées partielles dépendant d’un espace de paramètres. La construction de cet espace d’approximation comporte une phase d’exploration de l’espace des paramètres dans laquelle il est important de quantifier l’erreur entre la solution obtenue à partir de l’espace d’approximation (en construction) et la solution obtenue avec un calcul standard (discrétisation fine).
Cette étape cruciale permet de certifier la construction de la base réduite.
Récemment, des travaux ont été menés au sein du laboratoire pour fournir un estimateur d’erreur a posteriori dans le contexte de la neutronique [4].
Dans ce contexte [2], on s’intéresse à des problèmes aux valeurs propres généralisés non-symétriques. Typiquement, on considère un opérateur de Boltzmann linéaire de la forme :
Trouver (u, v) tel que Lu = Hu + v Fu,
où Lu est l’opérateur d’advection, Hu est l’opérateur de transfert qui modélise les collisions des neutrons, Fu est l’opérateur de fission et l’inconnue u représente le flux de neutrons. Cette équation est aussi appelée l’équation de transport des neutrons. Le caractère non-symétrique de ce problème aux valeurs propres vient notamment de l’opérateur de transfert.
Une première implémentation de la méthode des bases réduites basée sur la Proper Orthogonal Decomposition a été réalisée sur le modèle de diffusion neutronique dans le code APOLLO3® [5]. La méthode des bases réduites a été étudiée pour le modèle diffusion neutronique [6-8] et du transport neutronique [9-14] avec des approches plus ou moins intrusives.
L’objectif de la thèse est de contribuer à la construction de méthodes de bases réduites de type Greedy pour un modèle de neutronique, notamment sur l’assemblage du problème réduit et le calcul de l’estimateur a posteriori basés sur une décomposition affine de l’opérateur. Dans un second temps, plusieurs pistes sont envisagées :
- L’extension de la méthode des bases réduites au modèle de transport simplifié;
- L’extension de la méthode des bases réduites au modèle de transport ;
- L’application de ces travaux à l’optimisation du plan de chargement d’un réacteur de recherche.

[1] Y. Maday, O. Mula, A generalized empirical interpolation method: application of reduced basis techniques to data assimilation. Analysis and Numerics of Partial Differential Equations, XIII:221-231,2013.
[2] O. Mula, Some contributions towards the parallel simulation of time dependent neutron transport and the integration of observed data in real time, Chapter 1, 2014.
[3] G. Rozza, D. Huynh, and A. Patera, “Reduced basis approximation and a posteriori error estimation for affinely parametrized elliptic coercive partial differential equations,” Archives of Computational Methods in Engineering, vol. 15, no. 3, pp. 1–47, 2008.
[4] Y. Conjungo Taumhas, G. Dusson, V. Ehrlacher, T. Lelièvre, F. Madiot. Reduced basis method for non-symmetric eigenvalue problems: application to the multigroup neutron diffusion equations. 2023. ?HAL cea-04156959?
[5] Y. Conjungo Taumhas, F. Madiot, T. Lelièvre, V. Ehrlacher, and G. Dusson. An Application of Reduced Basis Methods to Core Computation in APOLLO3®. M&C 2023
[6] Sartori, A. Cammi, L. Luzzi, M. E. Ricotti, and G. Rozza. Reduced order methods: applications to nuclear reactor core spatial dynamics.15566, in ICAPP 2015 Proceedings, 2015.
[7] S. Lorenzi, An adjoint proper orthogonal decomposition method for a neutronics reduced order model, Annals of Nuclear Energy, 114 (2018), pp. 245–
258.
[8] P. German and J. C. Ragusa, Reduced-order modeling of parameterized multi-group diffusion k-eigenvalue problems, Annals of Nuclear Energy, 134
(2019), pp. 144–157
[9] I Halvic, JC Ragusa. Non-intrusive model order reduction for parametric radiation transport simulations. Journal of Computational Physics 492 (2023), 112385
[10] P Behne, J Vermaak, J Ragusa. Parametric Model-Order Reduction for Radiation Transport Simulations Based on an Affine Decomposition of the Operators. Nuclear Science and Engineering 197 (2), 233-261 (2023)
[11] P Behne, J Vermaak, JC Ragusa. Minimally-invasive parametric model-order reduction for sweep-based radiation transport. Journal of Computational Physics 469, 111525
[12] Z Peng, Y Chen, Y Cheng, F Li. A reduced basis method for radiative transfer equation. Arxiv preprint (2021).
[13] Sun, Y., Yang, J., Wang, Y., Li, Z., & Ma, Y. (2020). A POD reduced-order model for resolving the neutron transport problems of nuclear reactor. Annals of Nuclear Energy, 149, 107799.
[14] Wei, C., Di, Y., Junjie, Z., Chunyu, Z., Helin, G., Bangyang, X., ... & Lianjie, W. (2021). Study of non-intrusive model order reduction of neutron transport problems. Annals of Nuclear Energy, 162, 108495.

Développement d’une méthode de propagation d’incertitudes de type fonctionnel sur la puissance résiduelle

La caractérisation de l’énergie dégagée par la désintégration des radionucléides présents dans le combustible usé et déchargé des réacteurs est essentielle pour le design, la sûreté et l’analyse du stockage, du transport et des systèmes de dépôt. Peu de mesures de cette puissance résiduelle sont aujourd’hui disponibles. En outre, les valeurs expérimentales disponibles ne permettent pas de couvrir l’étendue des possibilités de combinaisons entre paramètres (taux de combustion au moment du déchargement – enrichissement en 235U – temps de refroidissement – paramètre de design du combustible – conditions opérationnelles – applications spécifiques). L’estimation de la puissance résiduelle est donc principalement basée sur des simulations.
L’évaluation de l’incertitude associée à l’estimation de la puissance résiduelle revêt un aspect important dans l’objectif d’accéder à une prédiction fiable. De nombreux efforts ont été menés afin de bien évaluer les biais et incertitudes venant des données nucléaires telles que les sections efficaces, paramètres importants en entrée des simulations. En revanche, les études concernant les incertitudes de nature épistémique (incertitude de fabrication de certains composants, erreur de lecture ou de réglage de structures mobiles, ….) sont plus rares. Parmi ces dernières, on peut distinguer le traitement de dépendances complexes de paramètres d’entrée de type scalaire, bien pris en compte aujourd'hui, du traitement de dépendances fonctionnelles (s’exprimant sous forme d’une fonction), très peu exploré.
En particulier, l’historique d’exploitation du cœur regroupe sous une dépendance fonctionnelle plusieurs quantités inter-corrélées (puissance de fonctionnement, mouvement des absorbants, évolution du cœur, …), amenées à être modifiées en fonction du temps et impactant la valeur de nombreux observables d’intérêt dont la puissance résiduelle. Les modèles utilisés aujourd’hui dans les outils de simulation utilisés à l’échelle industrielle ne permettent pas d’estimer cet impact et de proposer un niveau d’incertitude validé.

Dans ce travail de thèse, on se propose d’étudier l’impact sur la puissance résiduelle des incertitudes associées aux paramètres d’entrée présentant des dépendances fonctionnelles. On se focalisera tout particulièrement sur l’historique d’irradiation des réacteurs (à eau) et les paramètres corrélés. Une première partie sera dédiée au développement d’un modèle de substitution pour l’estimation de la puissance résiduelle et la quantification des incertitudes des variables aléatoires fonctionnelles. Une deuxième partie sera consacrée au développement d’une méthode d’analyse de sensibilité pour le modèle de substitution développé. Enfin, une troisième partie concernera le développement d’une méthode inverse de quantification des incertitudes des paramètres de modélisation opérationnels.
Le doctorant sera hébergé dans une unité de recherche en physique des réacteurs de l'institut CEA IRESNE situé à Cadarache où il collaborera avec d’autres doctorants et spécialistes du domaine.

Tester le modèle standard dans le secteur du quark top et du boson de Higgs dans l’état final à plusieurs leptons dans l’expérience ATLAS au LHC

Cette thèse propose de mesurer de manière cohérente les différents processus rares de production de quarks top en association avec des bosons, dans l’état final avec deux leptons de même signe ou trois leptons chargés au grand collisionneur de hadrons. La thèse sera basée sur l’analyse du lot de données collecté et en cours d’acquisition par l’expérience ATLAS à une énergie record. L’analyse conjointe des processus ttW, ttZ, ttH et 4top où un signal est bruit de fond de l’autre permettra d’avoir des mesures complètes et non biaisées de l’état final avec plusieurs leptons.
Ces processus rares, accessibles récemment au LHC, peuvent sonder les modèles de nouvelle physique pour lesquels le quark top est un outil prometteur, en particulier en utilisant des théories des champs effectives. Découvrir des signes de nouvelle physique qui dépasse les limitations du modèle standard est une question fondamentale de la physique des particules à l’heure actuelle.

ETUDE DU CENTRE GALACTIQUE ET RECHERCHES D’EMISSION DIFFUSES EN RAYONS GAMMA DE TRES HAUTE ENERGIE AVEC H.E.S.S. ET PERSPECTIVES POUR CTA

Les observations en rayons gamma de très hautes énergies (>100 GeV) sont cruciales pour la compréhension des phénomènes non-thermiques les plus violents à l’oeuvre dans l’Univers. Ces
rayons gamma permettent d’étudier des questions fondamentales sur un vaste éventail de sujets comme les trous noirs supermassifs, l’origine des rayons cosmiques, et la recherche de nouvelle physique au-delà du Modèle Standard. Les observations multi-longueur d’ondes du centre de la Voie Lactée dévoilent une région complexe et active avec l’accélération de rayons cosmiques à des énergies au-delà du TeV au sein d’objets astrophysiques comme le trou noir supermassif Sagittarius A* au centre de la Voie Lactée, des vestiges de supernova ou des régions de formation d’étoiles. Le Centre Galactique (CG) est l’une des régions du ciel les plus étudiées dans de nombreuses longueurs d’onde, et a fait l’objet de temps d’observations parmi les plus conséquents avec les observatoires haute énergie. Au-delà de la diversité d’accélérateurs astrophysiques, la région du CG devrait être la source la plus brillante d’annihilations de particules de matière noire en rayons gamma.
Le CG abrite un Pevatron cosmique, i.e., un accélérateur de rayons cosmiques jusqu’à des énergies du PeV, des émissions diffuses du GeV au TeV dont le « Galactic Center Excess » (GCE)
dont l’origine est encore inconnue, de potentielles sources variables au TeV, ainsi que possibles populations de sources non encore résolues. L’interaction d‘électrons accélérés au sein de ces
objets produit des rayons gamma de très hautes énergies par diffusion Compton inverse des électrons sur les champs de radiation ambiants. Ces rayons gamma peuvent être aussi produits à
travers la décroissance de pions neutres produits lors de l’interaction inélastique de protons/noyaux avec le gaz ambiant. Parmi les populations de sources non résolues au CG se trouvent une
population de pulsars millisecondes dans le bulbe Galactique ou encore une population de trous noirs de masses intermédiaires (~20-10^5 Msun) suivant la distribution de matière noire du halo. De l’ordre de 10^3 sources permettraient d’expliquer le GCE. De telles populations de sources laisseraient des empreintes caractéris-tiques dans les fluctuations spatiales du bruit de
fond pour lesquelles les balayages de la région du CG en rayons gamma au TeV avec les observatoires H.E.S.S. et le futur CTA constituent un outil unique pour les rechercher.
L’observatoire H.E.S.S. (High Energy Stereoscopic System) composé de cinq télescopes à effet Cherenkov atmosphérique, détecte des rayons gamma de quelques dizaines de GeV à plusieurs dizaines de TeV. Depuis 2004, H.E.S.S. observe du CG, avec récemment une campagne d’observation sur plusieurs degrés autour du CG. L’ensemble des données accumulées jusqu’à présent fournit une sensibilité sans précédent pour étudier l’accélération et la propagation de rayons cosmiques, et rechercher des signaux diffus de matière noire dans la région la plus prometteuse du ciel. Ces observations et études sont primordiales pour préparer les programmes d’observations du futur observatoire CTA, optimiser leur mise en oeuvre, et préparer leurs futures analyses.
La thèse portera sur l’analyse et l’interprétation des observations effectuées dans la region centrale de la Voie Lactée avec l’observatoire H.E.S.S. depuis plus de 20 ans. La première partie du travail sera dédiée à l'analyse bas-niveau des données du Centre Galactique, l'étude des incertitudes systématiques dans ce jeu de données massifs, et le développement de modèles de bruit de fond dédié. Dans une seconde partie, l'étudiant(e) combinera l’ensemble des données des phases 1 et 2 de H.E.S.S. pour rechercher des émissions diffuses Galactiques au TeV, des populations de sources non résolues et des signaux de matière noire à l'aide de techniques d'analyse utilisant des patrons pour le signal et le bruit de fonds. La troisième partie portera sur l’implémentation du nouveau cadre d’analyse pour le futur observatoire CTA pour préparer les analyses à venir en utilisant les patrons de signal et de bruit de fond les plus à jour. L'étudiant(e) sera impliqué(e) dans la prise de données et la sélection des observations H.E.S.S.

Phénomenes astrophysiques transitoires à haute énergie

Le cœur du projet de thèse proposé sera la recherche en temps réel d'émissions transitoires de haute énergie liées à la détection d'ondes gravitationnelles et d'autres transitoires astrophysiques multi-messagers comme les neutrinos de haute énergie, les sursauts de rayons gamma, les sursauts radio rapides, les explosions stellaires/nova, etc. Les observations combinées de plusieurs instruments et messagers cosmiques prouveront sans équivoque l'existence d'un accélérateur de particules de haute énergie lié à ces phénomènes et permettront d'obtenir de nouvelles informations sur les explosions les plus violentes de l'univers.
En rejoignant les collaborations H.E.S.S., CTA et SVOM, le candidat au doctorat sera en mesure de diriger les passionnantes campagnes MWL et multi-messagers collectées pendant le cycle physique O4 des interféromètres GW, les premiers événements neutrinos de haute énergie détectés par KM3NeT et les premiers GRBs détectés par le satellite SVOM. Le candidat au doctorat aura également l'opportunité de participer au développement de la plateforme Astro-COLIBRI permettant de suivre les phénomènes transitoires en temps réel via des applications sur smartphone.

Etude gyrocinétique des bifurcations du transport turbulent dans les plasmas de tokamaks : rôle des interactions plasma-neutres

La turbulence et le transport associé dégradent le confinement des plasmas de tokamaks, diminuant les performances attendues en terme de gain énergétique. Expérimentalement, plusieurs régimes de confinement amélioré sont observés, notamment ceux où le transport turbulent est fortement réduit à la périphérie du plasma. Ces barrières de transport externes conduisent à de forts gradients de densité et/ou de température qui maximisent le contenu énergétique du plasma confiné. Ces bifurcations spontanées résultent de l'auto-organisation de la turbulence soumise au forçage de différentes sources, de particules et de chaleur. Leur mécanisme est mal compris, du fait notamment de la complexité topologique de cette région externe et de la richesse des probables processus en jeu. Ces régimes représentent une chance majeure pour atteindre les meilleures performances dans les plasmas d'ITER. Il est donc crucial de gagner en compréhension pour pouvoir prédire leurs seuils de transition et si possible les contrôler.
La thèse proposée s'inscrit dans ce cadre. Elle repose sur la modélisation numérique à l'état de l'art des plasmas de fusion, la description gyrocinétique à cinq dimensions dans l'espace des phases. Les développements récents permettent de traiter séparément les transports de matière et de chaleur dans cette région périphérique. Reste à implémenter une source de particules neutres qui, par ionisation, constituera le forçage en densité du plasma. On sait d'ores et déjà, grâce notamment à des modèles réduits, que cette source dynamique joue un rôle crucial dans les processus d'auto-organisation. L'objectif du travail de thèse est de coupler un modèle fluide de neutres aux électrons et ions décrits cinétiquement, et d'étudier leur impact sur le transport turbulent et son auto-organisation grâce à des simulations HPC (high performance computing) avec le code GYSELA.

Modélisation et optimisation ALARA d’opérations de maintenance de centrales de fusion par des techniques d’Intelligence Artificielle et de Réalité Virtuelle

Dans l’objectif du développement de futurs réacteurs de fusion, une difficulté identifiée concerne les opérations de maintenance de ces installations nucléaires, dont une partie devra être réalisée par des opérateurs humains. Les interventions en environnement radioactif se font suivant des règles de sécurité intégrant notamment le niveau de dose reçue, grandeur qui caractérise le risque auquel s’expose l’opérateur (dose dépendant du débit de dose ambiant et du temps de l’intervention).
Dans un contexte d'optimisation de cette dose conforme avec le principe ALARA et les contraintes de sûreté afférentes à ces installations, la simulation préalable des opérations en Réalité Virtuelle est un atout en termes d’optimisation de conception et d’entraînement des travailleurs. Le calcul de la dose pendant ces simulations serait un apport important permettant de discriminer différentes options. Les méthodes de simulation actuellement utilisées pour le calcul de débit de dose sont pour certaines imprécises et pour d’autres très coûteuses en temps de simulation.
L’objectif de ce travail est de proposer une nouvelle méthode d’estimation dynamique en temps réduit (voire temps réel ou proche) du débit de dose en fonction des déplacements à la fois des sources d’activation d’une installation de fusion, de l’opérateur de maintenance d’un écran protégeant ce dernier, représentatifs des conditions réelles d’intervention. Cette méthode s’appuiera sur des techniques d’Intelligence Artificielle couplées à des méthodes de Neutronique et devra être intégrable dans un outil de Réalité Virtuelle basé sur des plateformes existantes telles que Unity3D.

Conditionnement d'un tokamak en tungstène pendant des décharges plasma de longue durée : de WEST à ITER

Les recherches menées pour développer la fusion thermonucléaire contrôlée comme nouvelle source d’énergie utilisent des dispositifs appelés tokamaks, dans lesquels la matière est portée à haute température (plasma) et est confinée par des champs magnétiques. L’interaction du plasma avec les parois de la chambre à vide d'un tokamak libère des impuretés dont la présence peut affecter ses performances. Différentes méthodes de conditionnement sont alors utilisées pour contrôler l’état de surface de l’enceinte à vide, et donc les flux d’impuretés. Celles-ci utilisent principalement des plasmas basses températures (décharges luminescentes ou radiofréquences) en hydrogène ou en hélium, mais aussi la déposition de couches minces de bore, en raison de sa capacité à piéger par affinité chimique des impuretés telles que l’oxygène. Avec l’avènement des composants face au plasma métalliques et l’allongement de la durée des plasmas dans les tokamaks supraconducteurs, comme ITER et WEST, exploité à l’Institut de Recherche sur la Fusion par confinement Magnétique (CEA-IRFM, Cadarache, France), de nouvelles techniques de conditionnement des parois pour maintenir un état de surface et des performances optimales tout au long de la décharge plasma font leur apparition. L’objectif de cette thèse est de caractériser et d’évaluer sur WEST la pertinence pour ITER de plusieurs méthodes d’injections de bore, a priori et en temps réel. Le travail consistera d’une part à participer à des expériences sur WEST et à analyser des données expérimentales (localisation et durée de vie des dépôts de bore, effet sur les performances des plasmas). Afin de comprendre le transport du bore, le candidat travaillera aussi avec des modèles numériques de plasma de bord (SOLEDGE, EIRENE, DIS). Ce travail, combinant expériences et simulations, devra consolider la compréhension de la physique du conditionnement en environnement métallique et contribuer à prévoir les conséquences pour ITER et les futurs dispositifs de fusion.

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