Cacracterisation et calibration de détecteurs cryogéniques à l'échelle de 100 eV pour la détection de la diffusion cohérente des neutrinos (CEvNS)

DESCRIPTIONS:

L’expérience NUCLEUS [1] cherche à détecter les neutrinos de réacteur via la diffusion élastique cohérente neutrino-noyau (CEvNS). Prédit en 1974 et mis en évidence pour la première fois en 2017, ce processus donne accès à des tests inédits du modèle standard à basse énergie. La cohérence de la diffusion sur l’ensemble du noyau augmente de plusieurs ordres de grandeurs sa section efficace ce qui en fait également une opportunité pour la surveillance des réacteurs par les neutrinos. Le dispositif expérimental de NUCLEUS est en cours d’installation auprès des réacteurs EDF de Chooz (Ardennes, France) qui sont une source intense de neutrinos. Le seul signal physique d’un événement CEvNS est l’infime recul du noyau cible, avec une énergie très faible, inférieure à 1 keV. Pour le détecter NUCLEUS utilise des cristaux de CaWO4 d’environ 1 g, placés dans un cryostat qui les refroidis à une température de 15 mK. Le recul du noyau provoque des vibrations du réseau cristallin équivalentes à une élévation de la température de ~100 µK, mesurée à l’aide d’un capteur Transition Edge Sensor (TES) déposé sur le cristal. Ces détecteurs permettent d’atteindre d’excellentes résolutions en énergie de seulement quelques ~eV et des seuils de détection de l’ordre de ~10 eV [2]. Le dispositif expérimental de NUCLEUS a été testé et validé en 2024 à TU-Munich [3] et la prisse de données à Chooz commencera à l’été 2026, en même temps que la thèse. Une première contribution portera sur l’acquisition des données sur site réacteur et leur analyse. Plus spécifiquement, l’étudiant(e) sera en charge de la caractérisation des détecteurs cryogéniques en CaWO4 déployés : stabilité, résolution en énergie, calibration et bruit de fond intrinsèque au cristal.

La question de la calibration à l’échelle sub-keV est un point crucial des expériences de CEvNS (et de matière noire). Or jusqu’à présent il était très difficile de générer des reculs nucléaires d’énergie connue pour caractériser la réponse des détecteurs. La méthode CRAB [4,5] répond à ce besoin en utilisant la réaction de capture de neutrons thermiques (énergie de 25 meV) sur les noyaux constituant le détecteur cryogénique. Le noyau composé résultant a une énergie d’excitation bien connue, l’énergie de séparation d’un neutron, comprise entre 5 et 8 MeV selon les isotopes. Dans le cas où il se désexcite en émettant un seul photon gamma, le noyau va reculer avec une énergie qui est aussi parfaitement connue car donnée par la cinématique à deux corps. Un pic de calibration, dans la gamme recherchée de quelques 100 eV, apparaît alors dans le spectre en énergie du détecteur cryogénique. Une première mesure réalisée, en 2022, avec un détecteur en CaWO4 de l’expérience NUCLEUS et une source de neutrons commerciale (252Cf) a permis de valider la méthode [6].

La deuxième partie de la thèse s’inscrit dans la phase « haute précision » de ce projet qui consiste à réaliser des mesures avec un faisceau pur de neutrons thermiques du réacteur TRIGA-Mark-II à Vienne (TU-Wien, Autriche). Le dispositif expérimental de calibration a été installé et caractérisé avec succès en 2025 [7]. Il consiste en un cryostat contenant les détecteurs cryogéniques à caractériser, entouré de larges cristaux de BaF2 pour une détection en coïncidence du recul nucléaire et du rayon gamma qui a induit ce recul. L’ensemble est placé directement sur l’axe du faisceau qui fournit un flux d’environ 450 n/cm2/s. Cette méthode de coïncidence réduira significativement le bruit de fond et permettra d’étendre la méthode CRAB à un plus large domaine d’énergie et aux matériaux constitutifs de la plupart des détecteurs cryogéniques. Nous attendons de ces mesures une caractérisation unique de la réponse des détecteurs cryogéniques, dans un domaine d’intérêt pour la recherche de la matière noire légère et la diffusion cohérente de neutrinos. En parallèle de la mesure de reculs nucléaires, l’installation d’une source de rayons X de basse énergie dans le cryostat permettra de générer des reculs électroniques ce qui mènera à la comparaison directe de la réponse du détecteur à des dépôts d’énergie sous le keV produits par des reculs nucléaires et d’électrons.

L’arrivée en thèse de l’étudiant(e) coïncidera avec la finalisation du programme de mesure sur les détecteurs en CaWO4 et Al2O3 de NUCLEUS et avec le début du programme de mesures sur le Ge (détecteur du projet TESSERACT) ainsi que sur le Si (détecteur du projet BULLKID).
La haute précision permettra également l’ouverture d’une fenêtre de sensibilité à des effets fins couplant de la physique nucléaire (temps de désexcitation du noyau) et de la physique du solide (temps de recul du noyau dans la matière, création de défauts cristallins lors du recul d’un noyau) [8].

L’étudiant(e) sera fortement impliqué dans tous les aspects de l’expérience : la simulation, l’analyse et l’interprétation des résultats obtenus.

ETAPES DU TRAVAIL:

L’étudiant(e) participera activement aux prises de données et à l’analyse des premiers résultats des détecteurs cryogéniques en CaWO4 de NUCLEUS à Chooz. Ce travail sera réalisé en collaboration avec les groupes des départements de physique nucléaire (DPhN), de physique des particules (DPhP) du CEA-Saclay et avec l’équipe de TU-Munich. Il commencera par une prise en main du code d’analyse CAIT pour les détecteurs cryogéniques. L’étudiant(e) étudiera plus spécifiquement les aspects de calibration via la réponse des détecteurs aux reculs électroniques issus de pulses de photons optiques injectés par fibres et de rayons X de fluorescence induits par les rayons cosmiques. Une fois cette calibration établie deux types de bruit de fond seront étudiés : les reculs nucléaires induits dans la gamme du keV par les neutrons rapides cosmogéniques et un bruit fond à basse énergie, appelé Low Energy Excess (LEE), intrinsèque au détecteur. La comparaison en les spectres expérimentaux et simulés du bruit de fond de neutrons rapides sera discutée à la lumière des différences entre réponses nucléaires et électroniques mesurées dans le projet CRAB. Les longues périodes de prises de données sur le site de Chooz seront mises à profit pour étudier l’évolution temporelle du bruit LEE. Ce travail se fera dans le cadre d’une collaboration en cours avec des spécialistes de la physique des matériaux de l'Institut des Sciences Appliquées et de la Simulation (CEA/ISAS) pour comprendre l’origine du LEE, qui reste une question ouverte majeure dans la communauté des détecteurs cryogéniques.

Les compétences d’analyse acquises sur NUCLEUS seront ensuite mises à profit pour les campagnes de mesures CRAB de haute précision prévues en 2027 auprès du réacteur TRIGA (TU-Wien) avec des détecteurs en Ge et Si.L’étudiant(e) sera fortement impliqué(e) dans la mise en place de l’expérience, dans la prise de données et l’analyse des résultats. Ces mesures prévues sur le Ge dans les canaux phonon et ionisation, ont le potentiel de lever l’ambiguïté actuelle sur le rendement d’ionisation des reculs nucléaires à basse énergie, qui sera un facteur déterminant de la sensibilité des expériences.

La haute précision de la calibration sera également exploitée pour étudier des effets fins de physique nucléaire et du solide (effets de timing et de création de défauts cristallins par le recul du noyau dans le détecteur). Cette étude sera réalisée en synergie avec les équipes de l’IRESNE et de l’ISAS au CEA qui nous fournissent des simulations détaillées des cascades gamma de désexcitation nucléaire et des simulations de dynamique moléculaire pour le recul des noyaux dans la matière.

A travers ce travail l’étudiant(e) aura une formation complète de physicien(ne) expérimentateur(trice) avec de fortes composantes de simulation et d’analyse de données, mais aussi un apprentissage des techniques de cryogénie dans le cadre de la mise en service des détecteurs de NUCLEUS et CRAB. Les contributions proposées mèneront à plusieurs publications durant la thèse avec une forte visibilité dans les communautés de la diffusion cohérente de neutrino et de la recherche de matière noire.

Au sein du CEA il (elle) bénéficiera du caractère exceptionnellement transverse de ce projet qui met déjà en interaction régulière les communautés de physique nucléaire, physique des particules et physique de la matière condensée.

COLLABORATIONS:

NUCLEUS: Allemagne (TU-Munich, MPP), Autriche (HEPHY, TU-Wien), Italie (INFN), France (CEA-Saclay).
CRAB: Allemagne (TU-Munich, MPP), Autriche (HEPHY, TU-Wien), Italie (INFN), France (CEA-Saclay, CNRS-IJCLab, CNRS-IP2I, CNRS-LPSC).

REFERENCES:

[1] NUCLEUS Collaboration, Exploring CE?NS with NUCLEUS at the Chooz nuclear power plant, The European Physical Journal C 79 (2019) 1018.
15, 48, 160, 174
[2] R. Strauss et al., Gram-scale cryogenic calorimeters for rare-event searches, Phys. Rev. D 96 (2017) 022009. 16, 18, 78, 174
[3] H. Abele et al., Particle background characterization and prediction for the NUCLEUS reactor CE?NS experiment, https://arxiv.org/abs/2509.03559
[4] L. Thulliez, D. Lhuillier et al. Calibration of nuclear recoils at the 100 eV scale using neutron capture, JINST 16 (2021) 07, P07032
(https://arxiv.org/abs/2011.13803)
[5]https://irfu.cea.fr/dphp/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast.php?id_ast=4970
[6] H. Abele et al., Observation of a nuclear recoil peak at the 100 eV scale induced by neutron capture, Phys. Rev. Lett. 130, 211802 (2023) (https://arxiv.org/abs/2211.03631)
[7] H.Abele et al., The CRAB facility at the TUWien TRIGA reactor: status and related physics program, (https://arxiv.org/abs/2505.15227)
[8] G. Soum-Sidikov et al., Study of collision and ?-cascade times following neutron-capture processes in cryogenic detectors Phys. Rev. D
108, 072009 (2023) (https://arxiv.org/abs/2305.10139)

Recherche d’axions dans l’expérience SuperDAWA avec aimants supraconducteurs et radiométrie hyperfréquence

Les axions sont des particules hypothétiques qui pourraient à la fois expliquer un problème fondamental de la physique des interactions fortes (la conservation de la symétrie CP en QCD) et constituer une part importante de la matière noire. Leur détection directe représente donc un enjeu majeur en physique fondamentale et en cosmologie.

L’expérience SuperDAWA, en cours de construction au CEA Saclay, repose sur l’utilisation d’aimants supraconducteurs et d’un radiomètre hyperfréquence placé dans un cryostat cryogénique. Ce dispositif permettra de convertir des axions potentiels en ondes radio mesurables, dont la fréquence est directement liée à leur masse.

Le travail de thèse proposé se partagera entre modélisation numérique et participation à l’expérience. L’étudiant·e développera un modèle complet intégrant les champs magnétiques, la propagation du signal radio et la réponse de l’électronique, avec une validation progressive par des mesures réelles. Une fois l’expérience opérationnelle, le·la doctorant·e participera aux campagnes de prises de données et à leur analyse.

Ce projet offrira l’opportunité unique de contribuer à une expérience de pointe en physique expérimentale, avec des retombées directes sur la recherche mondiale de matière noire.

Mesures de précision des oscillations de neutrinos et recherche de la violation de CP avec les expériences T2K et Hyper-Kamiokande

L’étude des oscillations de neutrinos est entrée dans une ère de précision, portée par des expériences à longue ligne de base comme T2K, qui comparent les signaux de neutrinos dans des détecteurs proches et lointains pour sonder des paramètres clés, dont une possible violation de la symétrie charge-parité (CPV). Détecter la CPV chez les neutrinos pourrait aider à expliquer l’asymétrie matière–antimatière de l’Univers. Les résultats de T2K publiés en 2020 ont fourni de premiers indices de CPV, mais restent limités par la statistique. Pour améliorer la sensibilité, T2K a connu d’importantes mises à niveau : remplacement de la partie la plus en amont de son détecteur proche par une nouvelle cible, augmentation de la puissance de l’accélérateur (jusqu’à 800 kW en 2025, avec un objectif de 1,3 MW d’ici 2030). La prochaine génération, l’expérience Hyper-Kamiokande (Hyper-K), qui débutera en 2028, réutilisera le faisceau et le détecteur proche de T2K, mais avec un nouveau détecteur lointain 8,4 fois plus grand que Super-Kamiokande, augmentant considérablement la statistique. Le groupe IRFU a joué un rôle clé dans la mise à niveau du détecteur proche et se concentre désormais sur l’analyse des données, essentielle pour maîtriser les incertitudes systématiques, cruciales à l’ère des hautes statistiques d’Hyper-K. Le travail de thèse proposé porte sur l’analyse des nouvelles données du détecteur proche : conception de nouvelles sélections d’échantillons tenant compte des protons et neutrons de faible impulsion du neutrino, et l'amélioration des modèles d’interaction neutrino–noyau afin d’optimiser la reconstruction de l’énergie. Le second objectif est de transférer ces améliorations à Hyper-K, afin d’orienter les futures analyses d’oscillation. L’étudiant contribuera également à la construction et à la calibration d’Hyper-K (tests d’électronique au CERN, installation au Japon).

Tester le modèle standard dans le secteur du quark top et du boson de Higgs de façon innovante avec plusieurs leptons dans l’expérience ATLAS au LHC

Le LHC collisionne des protons à 13.6 TeV, produisant un volume massif de données pour étudier des processus rares et rechercher de la nouvelle physique. La production d’un boson de Higgs en association avec un quark top unique (tH) dans l’état multi-leptonique (2 leptons de même signe ou 3 leptons chargés) est particulièrement prometteuse, mais complexe à analyser à cause des neutrinos non détectés et des leptons factices. Le processus tH est d’autant plus intéressant que sa très faible section efficace dans le Modèle Standard résulte d’une interférence destructive subtile entre les diagrammes faisant intervenir le couplage du Higgs au boson W et celui du Higgs au quark top. De ce fait, de petites déviations par rapport aux prédictions du Modèle Standard peuvent avoir un impact important sur son taux de production, faisant de tH une sonde sensible de nouvelle physique. La mesure de la section efficace tH reste délicate car les processus ttH et ttW ont des topologies proches et des sections efficaces beaucoup plus grandes, nécessitant une extraction simultanée pour obtenir un résultat fiable et évaluer correctement les corrélations entre signaux. ATLAS a observé un excès modéré de tH avec les données du Run 2 (2.8 s), rendant cruciale l’analyse rapide des données du Run 3 avec une prise en compte explicite de ces corrélations. La thèse exploitera des algorithmes d’intelligence artificielle basés sur des architectures transformers respectant certaines symétries fondamentales pour reconstruire la cinématique des événements et extraire des observables sensibles à la nature CP du couplage Higgs-top. Dans un second temps, une approche globale pourra traiter simultanément les processus ttW, ttZ, ttH, tH et 4 tops, à la recherche de couplages anomaux, y compris ceux violant la symétrie CP, dans le cadre de la théorie effective du Modèle Standard (SMEFT). Cette étude permettra la première mesure complète de tH dans le canal multi-lepton avec les données du Run 3 et ouvrira la voie à une analyse globale des processus rares et des couplages anomaux au LHC dans ce canal.

Désintégration du boson de Higgs en un boson Z et un photon et résolution temporelle du calorimètre électromagnétique de CMS

La thèse se concentre sur la physique du boson de Higgs à travers une de ses désintégrations les plus rares et encore non observées, celle en un boson Z et un photon (canal Zgamma). Cette désintégration complète le portrait du boson de Higgs déssiné jusqu'à présent et implique de manière unique tous les bosons neutres actuellement connus (Higgs, Z, photon), tout en étant sensible à éventuels processus de physique au délà du modèle standard. L'état final de l'analyse consiste en deux leptons de désintégration du boson Z (muons ou électrons, pour cette étude) et un photon. Évènements produits par d'autres processus du modèle standard et contenant deux leptons et un photon (ou des particules mal identifiées pour telles) constituent le bruit de fond de l'analyse. Avec toutes les données recueillies durant le Run2 du LHC (2015-2018) et le Run3 (2021-2026) il est possible de mettre en évidence cette désintégration, c'est-à-dire de l'observer avec une significance statistique de plus que trois déviations standard.

La thèse inclut aussi une partie instrumentale d'optimisation de la résolution en temps du calorimètre électromagnétique de CMS (ECAL). Bien que conçu pour des mesures de précision en énergie, le ECAL a aussi une excellente résolution sur le temps d'arrivée des photons et des électrons (environ 150 ps en collisions, 70 ps en faisceau test, avec conditions idéales). Dans un état final peuplé par des photons provenant de plusieurs dizaines d'évènements superposés (pileup), le temps d'arrivée d'un photon aide à vérifier sa compatibilité avec le vertex de désintégration du boson de Higgs. Cela sera crucial pendant la phase à haute luminosité du LHC (2029-), quand le nombre d'évenements superposé sera environ un facteur 3 plus grand qu'aujourd'hui. Une nouvelle électronique de lecture du ECAL est en train d'être produite et sera installée dans ECAL et CMS pendant la durée de la thèse. Elle permettra d'atteindre une résolution en temps de 30 ps pour photons et électrons de haute énergie. Cette performance a été mésurée en test sur faisceau d'un module du ECAL en conditions idéales (pas de champs magnétique, pas de matériel du trajectographe devant ECAL, pas de pileup): la thèse vise à dévélopper des algorithmes pour maintenir cette performance au sein de CMS.

Le travail de thèse est une continuation de l'analyse Z? en cours dans le groupe CMS du CEA Saclay et de l'analyse des performance en temps du ECAL, où le groupe de Saclay est le leader. Des outils d'analyse simples, robustes et performant, écrits en C++ moderne, basé sur le cadre d'analyse ROOT, permettent de comprendre et contribuer à toutes les étapes d'analyse, à partir de données brutes jusqu'aux résultats publiés. Le groupe CMS de Saclay a des responsabilités de premier plan dans CMS depuis sa construction, incluant une expertise approfondie en physique du Higgs, en reconstruction d'électrons et de photons, en simulation de détecteurs et en techniques d'apprentissage automatique et intelligence artificielle.

Des déplacements réguliers au CERN sont proposés pour présenter les résultas du travail de thèse à la collaboration CMS et pour participer aux tests en laboratoire prévus pour la nouvelle électronique d'ECAL, ainsi qu'à son installation.

Recherche de la production par paire de bosons de Higgs dans le canal multilepton à 13.6 TeV avec le détecteur ATLAS

Dans le Modèle Standard (MS), le champ de Higgs est à l’origine de la brisure de symétrie électrofaible, conférant ainsi leur masse aux bosons W et Z. La découverte du boson de Higgs en 2012 au LHC a permis de confirmer expérimentalement l’existence de ce champ. Malgré des études approfondies, l’auto-couplage du boson de Higgs reste non mesuré, bien qu’il soit essentiel pour comprendre la forme du potentiel du Higgs et la stabilité du vide de l’univers. L’étude de la production par paires de bosons de Higgs (di-Higgs) est la seule manière directe d’accéder à ce paramètre et d’obtenir des informations clés sur la transition de phase électrofaible après le Big Bang. La production de di-Higgs est extrêmement rare (section efficace ~ 40 fb pour des collisions proton-proton avec une énergie de 13,6 TeV). Parmi les états finaux possibles, le canal multilepton est prometteur grâce à sa signature cinématique distinctive, bien que complexe en raison de la diversité des topologies et des bruits de fond. Les avancées récentes en intelligence artificielle, en particulier les architectures de type transformer respectant les symétries physiques, ont amélioré de manière significative la reconstruction d’événements complexes dans des canaux tels que HH?4b ou or HH?bbtt. Appliquer ces techniques au canal multilepton offre un fort potentiel pour améliorer la sensibilité. Ce projet de thèse se concentrera sur la recherche de la production de di-Higgs dans l’état final multilepton avec l’ensemble des données du Run 3 d’ATLAS à 13,6 TeV, en s’appuyant sur les travaux en cours des équipes de l’Irfu sur le canal ttH multilepton afin de développer des méthodes avancées d’analyse et de reconstruction basées sur l’intelligence artificielle. L’objectif du projet est d’approcher la sensibilité du MS sur l’auto-couplage du boson de Higgs.

MINI-BINGO : vers la révélation de la nature du neutrino

BINGO est un projet novateur en physique des neutrinos, conçu pour poser les bases d'une expérience bolométrique à grande échelle dédiée à la recherche de la désintégration double bêta sans neutrinos. L’objectif est de réaliser une expérience avec un indice de bruit de fond extrêmement bas, de l’ordre de 10^-5 coups/(keV·kg·an), tout en atteignant une très haute résolution en énergie dans la région d’intérêt. Ces performances permettront d’explorer la violation du nombre leptonique avec une sensibilité sans précédent.

Le projet repose sur la technologie des bolomètres luminescents, particulièrement efficaces pour rejeter le bruit de fond dominant, à savoir les alphas de surface. Il se concentre sur deux isotopes extrêmement prometteurs, le molybdène-100 (100Mo) et le tellure-130 (130Te), aux propriétés complémentaires, tous deux dignes d’intérêt pour les recherches futures à grande échelle.

BINGO introduira trois innovations majeures dans le domaine bien établi des bolomètres hybrides chaleur-lumière. La première consiste en une augmentation de la sensibilité des détecteurs de lumière grâce à l’amplification Neganov-Luke, permettant un gain d’un ordre de grandeur. La deuxième innovation repose sur un assemblage de détecteurs entièrement repensé, capable de réduire d’au moins un ordre de grandeur la contribution de la radioactivité de surface. Enfin, pour la première fois dans un ensemble de macrobolomètres, un écran actif interne basé sur des scintillateurs BGO ultrapurs, avec lecture bolométrique de la lumière, permettra de supprimer efficacement le bruit de fond gamma externe.

Dans le cadre de cette thèse, l’étudiant(e) participera à l’assemblage et à l’installation du démonstrateur MINI-BINGO dans le cryostat récemment mis en place au Laboratoire Souterrain de Modane. Il ou elle contribuera à la prise de données, à leur analyse et à l’estimation du niveau de rejet du bruit de fond rendu possible par les performances finales du détecteur.

CUPID-Stage I: Detector optimization and analysis in the context of a next generation 0nbb search

The CUPID experiment (CUORE Upgrade with Particle IDentification) aims to achieve unprecedented sensitivity for the detection of neutrinoless double beta decay (0nßß) using an array of 1596 lithium molybdate (Li2MoO4) crystals of ~450 kg mass. If detected this process would be a direct observation new physics in the lepton sector: in example it violates lepton number by 2 units. Dependent on the model it can provide valuable insight into the neutrino mass-scale and possbily to matter generation in the Universe through leptogenesis.

The use of lithium molybdate for this study is particularly advantageous due to their scintillation properties and the high Q-value of the decay process, which lies above most environmental gamma backgrounds. The CUPID experiment employs this material as cryogenic calorimetric detectors, where the heat signal from particle interactions of O (100 microK/MeV) are registered in a sensitive thermistor at a temperature of ~10 mK. Thanks to the high Q-value Mo-100 features a particularly high sensitivity in terms of large phase space factor and nuclear transition matrix element. This will also allow for precision studies and tests of the standard model, through analyses of the shape of another process: the so-called 2 neutrino double beta decay (2nbb), which is a standard model allowed process. However, this rare process (half-life of 7x10^17yr) is not only an interesting particle/nuclear physics target, it is also expected to contribute the most important background in CUPID: the random coincidence of two events adding up in energy to the Q-value of the 0nßß search.

CUPID aims to deploy its new detector array in two phases: An initial detector array with 1/3 of the mass will be deployed by 2030. In the mean time several tower scale measurement and optimization campaigns during the time of this thesis project will allow to analyze and optimize the detector performance of the CUPID detector modules. The further suppression of this so called pile-up background through detector optimization (acting on the sensor attachment of the light detector with a robotic assembly station developed at CEA) and advanced analysis techniques within this thesis will allow to enhance the sensitivity and science reach of CUPID. A further extension of the analysis techniques developed in this thesis to the processing of an array of O(1000) detectors will be tested with the existing TeO2 detecor array of CUORE. In the context of this process the developed analysis techniques will contribute to the final science analyses of CUORE, the leading experiment for 0nßß search with Te-130.

Optimisation de détecteurs de rayonnement gamma pour l’imagerie médicale. Tomographie par émission de positrons temps de vol

Introduction
Les technologies innovantes d’imagerie fonctionnelles contribuent à la priorité sur les Médecines du Futur du CEA. La tomographie par émission de positrons (TEP) est une technique d'imagerie médicale nucléaire largement utilisée en oncologie et en neurobiologie.
La désintégration du traceur radioactif émet des positrons, qui s'annihilent en deux photons de 511 keV. Ces photons sont détectées en coïncidence et utilisées pour reconstituer la distribution de l'activité du traceur dans le corps du patient.
Nous vous proposons de contribuer au développement d’une technologie ambitieuse et brevetée : ClearMind. Le premier prototype est à nos laboratoires. Ce détecteur de photons gamma utilise un scintillant cristal monolithique de haute densité et grand Z, dans lequel sont produits des photons Cherenkov et de scintillation. Ces photons optiques sont convertis en électrons par une couche photo-électrique et multipliés dans une galette à microcanaux. Les signaux électriques induits sont amplifiés par des amplificateurs gigahertz et numérisés par les modules d'acquisition rapide SAMPIC. La face opposée du cristal sera équipée d'une matrice de photo-détecteur en silicium (SiPM).
Aujourd’hui nous disposons d’un premier prototype. Nous travaillons a en construire deux supplémentaires.

Le travail proposé
Vous travaillerez dans un laboratoire d’instrumentation avancé dans un environnement de physique des particules.
Il s’agira d’abord d’optimiser les « composants » des détecteurs ClearMind, pour parvenir à des performances nominales. Nous travaillerons sur les cristaux scintillants, les interfaces optiques, les couches photo-électriques et les photo-détecteurs rapides associés (MCP-PMT et SiPM), les électroniques de lectures.
Il s’agira ensuite de caractériser les performances des détecteurs prototypes sur nos bancs de mesure en développement continu. Les données acquises seront interprétées au moyen de logiciels d’analyse « maison » écris en langage C++ et/ou Python.
Il s’agira enfin de confronter les propriétés mesurées de nos détecteurs à des simulations dédiées (Monté-Carlo sur logiciels Geant4/Gate).
Un effort particulier sera con-sacré au développement de cristaux scintillants ultra-rapides dans le contexte d’une collaboration européenne.
Supervision
Le candidat retenu travaillera sous la supervision conjointe de Dominique Yvon et Viatcheslav Sharyy DRF/ IRFU & BIOMAPS. Le groupe CaLIPSO de l'IRFU & BIOMAPS est spécialisé dans le développement et la caractérisation de détecteurs TEP innovant. Dans le cadre du projet, nous avons une étroite collaboration avec le l’IJCLabs d’Orsay, qui développe nos électroniques de lecture et d’acquisition, le CEA/DM2S qui travaille notamment sur des algorithmes d'IA de confiance, le CPPM de Marseille, qui évalue nos détecteurs dans des conditions d’acquisition d’imagerie TEP et l’UMR BIOMAPS (CEA/SHFJ), travaillant sur les algorithmes de calculs d’image.
Exigences
Des connaissances en physique de l’interaction particules-matière, de la radioactivité et des principes des détecteurs de particules sont indispensables. Un goût prononcé pour l’instrumentation et le travail de laboratoire est recommandé. Il est important d'avoir des compétences de base en programmation, par exemple C++, logiciel de simulation physique Gate/Geant4.
Compétences acquises
Bonne connaissance des technologies de pointe des détecteurs de particules et des tomographes à émission de positrons. Principes et techniques de simulation de l'interaction des particules-matière et les systèmes de détection. Analyse de données complexes.
Contact
Dominique Yvon, dominique.yvon@cea.fr
Viatcheslav Sharyy, viatcheslav.sharyy@cea.fr

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