Effet d’hétérogénéités structurelles sur les écoulements de fluide à travers une paroi en béton armé
Le bâtiment réacteur représente la troisième barrière de confinement dans les centrales nucléaires. Il a pour rôle de protéger l’environnement en cas d’accident hypothétique en limitant les rejets vers l’extérieur. Sa fonction est donc étroitement liée à son étanchéité qu’il doit conserver durant toute sa durée de fonctionnement. Classiquement, l’estimation du taux de fuite s’appuie sur une bonne connaissance de l’état hydrique et des potentiels désordres mécaniques, associés à des lois de transfert (comme la perméabilité) dans une démarche de simulation chaînée (thermo-)hygro-mécanique. Si le comportement mécanique de la structure est aujourd’hui globalement maîtrisé par le recours à des outils de simulation avancés, des progrès restent nécessaires pour améliorer la compréhension et la quantification des écoulements. C’est particulièrement le cas en présence d’hétérogénéités (fissures, nid de cailloux, reprise, armatures, câbles, etc.) qui représentent autant de situations pouvant perturber localement la perméabilité. C’est dans ce cadre que se place le sujet de thèse proposé. Il s’agira d’améliorer la compréhension et la représentation des écoulements à travers une structure en béton armé en s’appuyant sur une démarche combinant essais expérimentaux et modélisation. Une première analyse permettra de définir un plan d’expérience optimisé selon plusieurs configurations (chemins de fuite, type d’écoulement, température, saturation…) qui sera ensuite mise en œuvre durant la thèse. Les résultats seront analysés afin de caractériser empiriquement l’influence du chemin de fuite sur les lois macroscopiques classiquement utilisées (loi de Darcy). Une approche de simulation plus fine sera ensuite développée, en s’appuyant la méthode d’éléments finies. L’objectif sera de reproduire les résultats expérimentaux et les étendre au comportement des enceintes de confinement, améliorant ainsi les outils de modélisation actuellement disponibles.
Modélisation et simulation de la fusion et de la fissuration du béton en cas d’interaction corium béton
Dans certaines situations accidentelles, il est important d’évaluer les conséquences induites par un chargement thermique sévère sur le comportement mécanique de structures en béton, notamment vis-à-vis d’une fissuration potentielle. C’est particulièrement le cas dans l’étude de l’interaction corium – béton. Dans le cadre de l’évaluation des conséquences d’un accident grave hypothétique, une fusion du cœur peut être considérée, jusqu’à un percement de la cuve. Le mélange en fusion, appelé corium, se répand alors dans le puits de cuve et entre en contact avec le béton. Divers phénomènes peuvent se produire conduisant à une ablation partielle du matériau. Compte tenu des enjeux en termes de protection de l’environnement, il est indispensable de disposer d’outils de modélisation permettant de représenter les mécanismes en jeu. Dans le cadre de cette thèse, il s’agira de développer une méthodologie de simulation complète pour représenter les conséquences mécaniques de l’interaction corium-béton, en y intégrant notamment une modélisation à l’échelle locale pour représenter l’ablation du matériau cimentaire. Une attention particulière sera notamment portée au modèle de fissuration du béton (développement d’un modèle adapté au chargement thermique sévère, critères d’ablation du béton) et au chaînage thermique-mécanique-écoulement des outils pour la représentation d’une pénétration du corium dans les fissures. Ce travail sera réalisé en collaboration entre le CEA SACLAY (disposant de premiers outils de simulation du comportement thermomécanique) et le CEA Cadarache (disposant des compétences numériques et expérimentales autour de l’interaction corium-béton).
Impact de la Modulation de Largeur d’Impulsion sur la Dérive des Composants à Semiconducteurs de Puissance
La modulation de largeur d’impulsion (MLI), également connue sous le nom de Pulse Width Modulation (PWM) en anglais, est une technique fondamentale en électronique de puissance. Elle sert à contrôler et à réguler la puissance fournie par un circuit en modifiant la largeur des impulsions électriques de commande. Dans le cadre d’un onduleur de traction automobile, cette modulation de largeur d’impulsion appliquée à un bras de pont à base de transistors de puissance permet de transformer le courant continu de la batterie en un courant alternatif envoyé aux enroulements du moteur tout en améliorant le taux de distorsion harmonique. L’impact de la MLI sur les performances et la fiabilité du moteur a été largement étudié depuis de nombreuses années. En revanche, l’impact de la MLI sur la fiabilité des composants qui constituent le module de puissance, a été moins étudié, et ce d’autant plus pour les modules de puissance à base de composants grand gap (typiquement SiC) qui sont relativement récents (et adoptés en masse depuis moins de 10 ans).
L’objectif principal de cette thèse de doctorat est donc de comprendre et de modéliser l'impact des différentes modulations de largeur d'impulsion (MLI) sur la dérive des composants à semiconducteurs de puissance en carbure de silicium (SiC).
Cette thèse vise à établir un lien entre les stress subis par les composants SiC et la dérive de leurs paramètres clés, tout en proposant une modulation MLI optimale pour maximiser les performances à long terme et la durée de vie des systèmes électroniques de puissance. En combinant des approches expérimentales et théoriques, cette recherche contribuera à une meilleure compréhension et à une amélioration des technologies de modulation de largeur d'impulsion, essentielles pour l'électronique de puissance moderne.
Conception d'antennes électriquement petites pour des applications d'objets connectés
Ce projet de doctorat se concentre sur la conception d'antennes innovantes adaptées aux applications de l'Internet des objets (IoT), en répondant aux défis majeurs liés à la taille, aux performances et à l'intégration. Le contexte scientifique repose sur la demande croissante d'antennes électriquement petites et efficaces, capables de s'intégrer parfaitement aux dispositifs IoT tout en maintenant une efficacité de rayonnement élevée. Le travail proposé implique la création d'antennes électriquement petites, optimisées pour leurs performances, leur capacité de réglage et leur compatibilité avec les environnements électroniques et métalliques. Les conceptions exploreront divers types d'antennes, tels que les boucles, les antennes de type F, les monopôles chargés au sommet et les structures en cage métallique, en intégrant des composants réglables de pointe.
Les objectifs principaux incluent le positionnement des performances de ces antennes par rapport aux limites physiques théoriques (par exemple travaux de Chu/Gustafsson), l'analyse des pertes diélectriques et métalliques, ainsi que l'obtention d'une reconfigurabilité double bande adaptée aux normes de communication. Le candidat utilisera des outils de simulation électromagnétique, développera des modèles comportementaux et réalisera des prototypes ainsi que des tests de performance dans des chambres anéchoïques. Les résultats attendus sont des antennes miniatures hautement efficaces et agiles en fréquence, qui feront progresser la compréhension des phénomènes de rayonnement électromagnétique pour les antennes compactes et répondront aux exigences des objets connectés de demain.
Modélisation des transitions d’écoulements diphasiques dans le formalisme hybride continu/dispersé
Dans l'industrie nucléaire, la simulation d’écoulements diphasiques peut nécessiter la modélisation de poches de gaz et/ou de panaches de bulles plus ou moins déformées. Ces écoulements transitionnent depuis des écoulements à bulles, dits dispersés, vers des régimes séparés, dits continus avec grandes interfaces, et inversement. Le défi est de modéliser les transitions entre ces régimes pour mieux comprendre les phénomènes complexes qui en découlent. Actuellement, on utilise deux approches différentes : statistique pour les bulles et la reproduction des grandes interfaces pour les poches et bulles très déformées. Cependant, la combinaison de ces méthodes dans un cadre unifié reste un verrou scientifique à résoudre.
Le travail de thèse proposé vise à développer une méthode capable de modéliser les transitions entre phases continue et dispersée ainsi que leur coexistence. Cela impliquera l'analyse de données expérimentales, le développement d'outils numériques dans le code NEPTUNE_CFD, et la validation à travers des cas académiques et industriels. Les applications incluent la modélisation des bulles de Taylor, l'étude des transitions dans la maquette METERO H et l'analyse des écoulements dans des faisceaux de tubes. Les résultats attendus permettront d'améliorer les simulations de ces écoulements complexes dans des contextes industriels.
Acoustique et Electromagnétisme (AEM) : Nouvelles approches pour la caractérisation sécuritaire des composants de type SoCs
Des travaux menés au sein du CEA-Leti ont montré que les attaques physiques peuvent être une menace pour les mécanismes de sécurité des SoC (System on Chips). En effet, les injections de fautes par perturbation électromagnétique ont déjà conduit à une escalade de privilèges en s'authentifiant avec un mot de passe illégitime, ou plus récemment ont permis de contourner l'un des plus hauts niveaux de sécurité d'un SoC, qui est le Secure Boot. Cependant, les technologies intégrées dans ce type de cibles sont de plus en plus sophistiquées avec des dispositifs électroniques Package-on-Package (PoP) et des nœuds technologiques inférieurs ou égaux à 7 nm, comme le nouveau Samsung S20. La mise en œuvre de ces attaques nécessite des équipements de pointe non disponibles commercialement à ce jour (sonde de très petit diamètre, générateur d'impulsions de courant transitoire élevé, magnétomètre et capteurs de courant large bande à haute résolution spatiale, etc.). La thèse soutenue en 2022 par Clément Gaine [1] au sein de notre équipe a permis d'étudier plusieurs composants de la chaîne d'injection EM, notamment un élément principal comme la sonde d'injection électromagnétique. D’autres domaines sont à explorer, notamment la chaîne d’injection complète depuis le générateur d’impulsions jusqu’à la création d’une force électromotrice dans la cible, induite par la sonde EM via des gradients de courant très élevés (di/dt). La maîtrise de la chaîne complète permet de concevoir le système d’injection le plus adapté pour caractériser une cible de type smartphone et résoudre les verrous liés à ce type de cible tels que : la microarchitecture complexe, la pile logicielle multicouche, le packaging complexe avec notamment l’empilement de plusieurs composants sur une même puce (PoP).
L’objectif principal de cette thèse est d'étudier une nouvelle approche d’injection EM et son potentiel de contournement de certains mécanismes de sécurité d'un smartphone. Cela permettra de faire évoluer les outils de caractérisation en sécurité matérielle afin de répondre aux besoins croissants de la caractérisation sécuritaire des SoCs. En termes d’exploitation, le domaine FORENSIC est visé pour contourner et/ou compléter les limites des techniques de fouilles légales de données basées sur les vulnérabilités « 0-day » par l’exploitation de failles des implémentations matérielles qui ne peuvent être corrigées sur le même modèle de cible.
Pour atteindre cet objectif, le doctorant devra dans un premier temps caractériser, tester et valider la nouvelle approche d’attaque par commutation ultra-rapide et les moyens de mesures magnétométriques et ampérométriques récemment développés au laboratoire. En parallèle, le doctorant réalisera des travaux bibliographiques et expérimentaux sur le risque physiologique potentiellement lié à l’exposition à des impulsions EM de courte durée. Les résultats serviront à définir de nouveaux protocoles permettant aux opérateurs de réaliser leurs expériences d’injection EM dans un environnement sécurisé et à développer des standards dans ce domaine si nécessaire. Dans un second temps, le doctorant consacrera une partie de ses travaux à la modélisation du flux magnétique transitoire et du transfert de puissance induite dans des cibles à haute ou basse impédance, en s’intéressant à l’impact de l’orientation du champ ainsi que de la polarité de l’impulsion sur le modèle de défaut ou de glitch sur différents types de transistors (NMOS, PMOS, JFET).
[1] https://cea.hal.science/search/index/?q=*&authFullName_s=Cl%C3%A9ment%20Gaine
Plus d'information : https://vimeo.com/441318313 (video projet)