Les microtubules produisent des forces mécaniques lorsqu'ils s'assemblent et désassemblent. Ils supportent également les forces produites par les moteurs moléculaires. La distribution spatiale de ces deux ensembles de forces oriente le transport intracellulaire, positionne les organites et détermine ainsi la compartimentation et la polarité cellulaires. L'architecture du réseau de microtubules dépend de deux contributions principales : la croissance programmée, qui est définie par la quantité et la localisation des nucléateurs de microtubules, et l'auto-organisation des microtubules et des moteurs, qui dépend de la concentration de divers moteurs et du nombre et de la longueur des microtubules. Cette contribution a été très étudiée dans le fuseau formé par les microtubules pendant la mitose, mais elle est relativement peu caractérisée dans l'interphase bien qu'elle soit au cœur de la plupart des fonctions cellulaires. Nous avons récemment réussi à définir des conditions de travail nous permettant de réduire la croissance prévue et de mettre en évidence l'auto-organisation des microtubules et des moteurs. A notre grande surprise, nous avons découvert que les composants pouvaient s'auto-organiser en de multiples domaines, contenant soit des moteurs dirigés par l'extrémité plus, soit par l'extrémité moins, séparés par des faisceaux de microtubules alignés.Nous proposons d'explorer davantage ces conditions et de définir le diagramme de phase définissant le nombre et la forme de ces domaines. Cette première partie servira de base à une étude plus approfondie de ce processus dans divers types de cellules et de leur évolution au fur et à mesure que les cellules évoluent d'un état de prolifération à un état d'indifférenciation (c'est-à-dire au fur et à mesure que l'auto-organisation progresse).